accords toltèques

A l’heure où la complexité croissante de notre société et la compétition  ont tendance à susciter stress personnel et tensions sociales, il peut être bon de s’abreuver aux sources de sagesses anciennes. C’est ce que propose Miguel Ruiz, auteur du best-seller « les quatre accords Toltèques » qui fut suivi d’un ouvrage sur « le cinquième accord ». Ce neurochirurgien mexicain, lui-même fils de chaman, s’est plongé dans l’histoire de la tradition toltèque à la suite d’un accident. C’est ainsi qu’il mit à jour les « Accords Toltèques » d’une lumineuse simplicité. Les Toltèques sont un peuple mythique, ancêtres  des Aztèques. Ils furent des « maîtres bâtisseurs » adorateurs de Quetzalcoatl, le Dieu Serpent à Plumes.

 

Que sont les cinq accords ?

Le Premier : « que votre parole soit impeccable »

Le Deuxième : « quoiqu’il arrive, n’en faites pas une affaire personnelle »

Le Troisième : « ne faites pas de suppositions »

Le Quatrième : « faites toujours de votre mieux »

Le Cinquième : « soyez sceptiques mais apprenez à écouter »

 

Quels bénéfices un manager peut-il retirer de ces injonctions, évidentes à première vue ?

Les accords Toltèques, d’une apparente simplicité,  constituent un puissant levier de développement, personnel et collectif.

Ainsi le premier accord « que votre parole soit impeccable » nous invite-t-il à l’usage d’un parler « juste » basé sur les faits, et qui refuse le dénigrement d’autrui tout autant que de soi. Il s’agit de prendre les « bruits » pour ce qu’ils sont… des bruits,  et d’utiliser des mots positifs dans notre relation à nos collaborateurs.  Par exemple, remplacer le « mais » qui enferme par le « et » qui ouvre. « nous avons atteint nos objectifs et cela nous sera utile pour faire mieux l’année prochaine ».

Le deuxième accord invite à ne pas prendre systématiquement ce qui nous arrive à un niveau trop personnel. « ne pas en faire une affaire personnelle » implique de dissocier en toute conscience notre « rôle social » qui se traduit par un poste, une mission, etc. de notre moi personnel. Pour M. Ruiz, ce que les autres disent est avant tout le reflet de leurs propres croyances. Cela ne signifie pas qu’il faille ignorer ce que disent les autres. L’écoute est importante et doit nous amener à « faire avec les autres » et non pas « contre ». Or il est souvent plus facile de s’affirmer « contre » qu’  « avec ». Mais « faire avec » suppose d’avoir confiance en soi et de ne pas trop dépendre des regards extérieurs.

Le troisième accord  « ne faites pas de suppositions » souligne notre tendance à tout interpréter sans nécessairement se donner la peine de vérifier. Combien de fois nous donnons nous la peine de vérifier nos « impressions » auprès des personnes concernées ? Il s’agit ici d’apprendre à nous garder de nos propres préjugés pour s’adonner au jeu des questions, de manière franche et directe. L’appliquer au sein d’une équipe peut en améliorer  l’atmosphère, chacun s’engageant à poser des questions et à accepter qu’on lui en pose, en bannissant les « j’ai l’impression que… », « à mon avis, il est… »,….

Malgré l’apparence, le quatrième accord qui incite à « faire toujours de son mieux » ne se réduit pas à ce qui fonde, depuis notre enfance, nos comportements à l’école, au travail ou dans le sport.  Ce n’est pas tant une invitation « à se dépasser » qu’une injonction à instaurer un climat de soutien mutuel au sein de l’équipe qui permette de reconnaître les limites, mais aussi les potentialités,  de chacun. Le droit à l’erreur est reconnu à la fois  comme « encouragement à  oser » et source d’expérience. L’exigence est bien là, mais elle est portée par le collectif. Le manager doit savoir rester modeste car il est rare qu’une performance soit totalement individuelle dans une entreprise, et pratiquer systématiquement le « nous ».

Le cinquième accord,  « soyez sceptique mais apprenez à écouter »,  est une invitation à la pratique du doute. Il s’agit de développer notre aptitude à remettre en cause nos routines de fonctionnement et à nous ouvrir à l’extérieur pour mieux s’adapter à un environnement complexe et paradoxal tel celui de l’entreprise. L’esprit critique est une denrée rare, indispensable à l’entreprise, en particulier en ce qui concerne sa capacité d’innovation, et pourtant il n’est pas particulièrement valorisé par des managers convaincus d’être en position d’avoir raison. l’écoute quand à elle est peut être la qualité la plus rare…

Les cinq accords ne sont pas si aisés à appliquer. Cependant, faciles à mémoriser, ils peuvent  être égrenés mentalement, avant un entretien individuel ou une réunion d’équipe par exemple. Cela peut constituer un « moment méditatif » de la journée, propice à la prise de recul et à la décision.

[Kamel Lama – 2017]