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La fonction Achats est désormais considérée comme un gisement majeur de « création de valeur » par les entreprises, alors que de nouveaux défis se profilent à l’horizon….

Un peu d’histoire…

Pendant les années de croissance, dites des « 30 glorieuses », la « fonction achats » n’existait pas encore en tant que telle. Le souci premier des entreprises était de s’approvisionner au meilleur rapport qualité-prix pour produire et répondre à une demande fortement croissante. Les achats ne représentaient qu’environ 20% du chiffre d’affaires des entreprises et étaient soumis à la production. L’acheteur intervenait en fin de processus pour passer les commandes, sa valeur ajoutée était faible.

Avec la rupture des années 70 qui vit émerger une concurrence accrue sur tous les marchés, les achats émergent comme vecteur crucial de recherche de la compétitivité-coûts des entreprises. Ils deviennent une fonction clé et représentent plus de 50% du CA des entreprises industrielles.

Depuis les années 90, compte tenu de la pression continue sur les coûts et de la complexité croissante des chaînes logistiques, la fonction achats a encore accru son importance et gagné en importance stratégique.

…aujourd’hui…

Il serait cependant réducteur de ramener la fonction achats à la « simple » recherche de la compression des coûts. L’image de l’acheteur en « cost killer » ne correspond plus à la réalité d’aujourd’hui caractérisée par la complexité croissante des systèmes de production et des relations entre les différents partenaires, donneurs d’ordres et sous-traitants. Ainsi, par-delà le tryptique « coûts-délais-qualité », la maîtrise des risques devient en enjeu majeur pour les acheteurs. La sous-traitance vers des pays à bas coûts, en particulier, accroît la vulnérabilité de la supply-chain.

Pour l’entreprise, il ne s’agit plus de s’approvisionner au meilleur prix, mais de créer des partenariats à long terme en se recentrant sur son cœur de métier. De plus la nature des produits et services achetés évolue, la part de l’immatériel croit constamment.

Par ailleurs, la notion d’achats « durables » tend à s’imposer. Il s’agit de promouvoir des achats respectueux de l’environnement, la « traçabilité » des produits achetés constituant un enjeu majeur. Il devient nécessaire de tenir compte de la demande pour des produits « équitables » qui garantissent une juste rémunération aux producteurs locaux. Il faut acheter « éthique », par exemple en contrôlant effectivement les usines des sous-traitants.

C’est dès la conception du produit que sont déterminés 80% des coûts d’achat. Aussi, impliqué en amont des projets, l’acheteur doit à la fois satisfaire ses clients internes et fidéliser les meilleurs fournisseurs. Il est associé à la définition du produit et à l’innovation à laquelle il contribue grâce à la veille technologique et au « sourcing ». Son rôle est crucial pour les politiques de « conception par les coûts ».

…création de valeur et performance de la fonction Achats…

Les « leviers » de création de valeur du point de vue des achats concernent aussi bien les investissements (« capex ») que les charges d’exploitation (« opex »). Il s’agit pour l’acheteur de contribuer à réduire l’immobilisation de capitaux et des liquidités. Par ailleurs, la recherche de la réactivité et de la flexibilité conduit à réduire le nombre de fournisseurs et à engager des politiques de long terme avec ceux qui restent dans le « panel ». On passe progressivement du « moins disant » au « mieux disant ».

Paradoxalement, la fonction peine à faire reconnaître sa performance en interne. En effet, s’il est assez aisé de démontrer une économie directe sur le prix d’un produit, et encore faut-il tenir compte de l’évolution des prix réels, il est plus difficile d’attribuer des « gains » aux Achats lorsque l’acheteur adopte une approche en TCO, « total cost of ownership » ou « coût total de possession ». Cela consiste à appréhender le prix dans une perspective complète depuis la passation de commande jusqu’au recyclage en passant par le transport, l’installation, etc.  Mais l’acheteur permet aussi d’éviter des surcoûts (renégociation de contrats, révision de clause d’indexation), et peut même générer du revenu (valorisation de déchets par exemple).

Aujourd’hui, la mesure de la performance est un enjeu essentiel, aussi bien du point de vue du management des équipes achats que de la définition des priorités et de la mesure de la création de valeur.

La digitalisation croissante de la fonction Achats, permet d’envisager de nouveaux gisements de valeur pour des entreprises dont la part d’achats croissante traduit leur transformation progressive en « entreprises-réseaux ».

[Kamel Lama – 2016]